Justice et juste mesure

Avec philosophie consacre cette série d'émissions au philosophe grec de l'Antiquité : Aristote (384 av. J.-C.-322 av. J.-C.). Dans le troisième épisode, Géraldine Muhlmann et ses invitées s'intéressent à l'importante de la justice et de la juste mesure dans la conception aristotélicienne de l'éthique.

Une excellence propre à l'homme

En matière de vertu, Aristote ne discrédite a priori aucun sentiment. En effet, comme le rappelle Anne Merker, il ne propose pas une "morale moralisante", mais bien une éthique, permettant de "réfléchir sur les conditions qui permettent d'accomplir pleinement la vie humaine". De fait, "il ne s'agit absolument pas de condamner la part sensible, affective, de l'être humain". L'homme est une espèce animale parmi les autres, certes particulière, mais également dotée de sensibilité. Plutôt que de renier ses affects, il faut déterminer "comment, dans cette condition sensorielle et affective, l'être humain peut parvenir à une forme d'excellence qui lui est propre". Or, cette excellence réside "dans la mesure, la médiété, la moyenne".

L'importance de l'éducation

Charlotte Murgier rappelle qu'il existe déjà chez Platon une "idée de juste mesure". L'originalité d 'Aristote est de l'appliquer à "un champ particulier des vertus", celles du caractère, c'est-à-dire à "la partie irrationnelle de l'âme". Par ailleurs, Platon porte une attention "à la nature et aux potentialités des différents types d'êtres humains", mais insiste sur l'extrême importance de l'éducation pour les développer. Ainsi, si ce "soubassement de la nature" est moins important chez Aristote, qui ne considère pas qu'il existe des "types d'êtres humains", l'éducation occupe également un rôle central. La vertu n'est pas innée au sens où l'on n'est pas immédiatement vertueux. La nature nous a seulement "donné la capacité de développer la vertu".

L'émission est à écouter dans son entièreté en cliquant sur le haut de la page.

Pour en parler

Anne Merker, professeure de philosophie spécialisée en histoire de la philosophie ancienne à l'université de Strasbourg.

Sur Aristote, elle a notamment publié :

• La vision chez Platon et Aristote, éditions Academia, 2003.
• Une morale pour les mortels. L’éthique de Platon et d’Aristote, éditions Les Belles Lettres, 2011, deuxième tirage en 2016.
• Le principe de l’action humaine selon Démosthène et Aristote. Hairesis - Prohairesis, éditions Les Belles Lettres, 2016.
• Aristote. Une philosophie pour la vie, éditions Ellipses, 2017.

Charlotte Murgier, maîtresse de conférences en philosophie ancienne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle travaille notamment sur les éthiques antiques, en particulier celles de Platon et d’Aristote.

Sur Aristote, elle a notamment publié :

• Éthiques en dialogue. Aristote lecteur de Platon, éditions Vrin, 2014.
• Elle a aussi co-édité avec Gweltaz Guyomar’ch et Claire Louguet le collectif intitulé : Aristote et l’âme humaine. Lectures de De Anima III offertes à Michel Crubellier, éditions Peeters, 2020.

Références sonores

• Lecture par Jules Barbier d'un extrait d'Aristote,  Éthique à Nicomaque, II, 5-6, traduction Jules Tricot
• Lecture par Jules Barbier d'un extrait d'Aristote,  Éthique à Nicomaque, II, 3, traduction Jules Tricot
• Archive de La mort d'Achille, un texte inédit de Wajdi Mouawad joué à Avignon en public pour France Culture, avec Amira Casar, Adama Diop, Jérôme Kircher et Sofiane Zermani, été 2019
• Lecture par Jules Barbier d'un extrait d'Aristote,  Éthique à Nicomaque, I, 9, traduction Jules Tricot
• Extrait du film Les misérables, réalisé par Robert Hossein, 1982
• Chanson de fin d'émission : “Moderation” par Florence and the Machine, 2019

Le Pourquoi du comment : philosophie

Toutes les chroniques de Frédéric Worms sont à écouter  ici.