Dans le cadre d’un appel à projets lancé par le département de droit public de l’École doctorale de droit de la Sorbonne, l’ISJPS, à travers le CERAP et le CSC&L, a apporté son soutien à l’organisation d’une journée d’études par deux doctorants de l’ISJPS aujourd'hui docteurs, Romain Vincent et Valentin Vince. Cette journée consacrée au droit processuel public s’est tenue le 5 novembre 2021.
Cette journée d’études entendait rendre compte des réflexions menées par des doctorants, docteurs, enseignants-chercheurs et membres de la juridiction administrative concernant le droit processuel public. Touchant l’ensemble des disciplines du droit public, cette thématique n’avait jamais fait l’objet d’une appréhension systématique par la doctrine publiciste — même si des auteurs ont développé une approche "processualiste" pour connaître des contentieux publics. L’ambition affichée était donc de s’interroger sur le particularisme des règles applicables aux juridictions administratives et constitutionnelles afin de discuter, en creux, l’existence d’un droit processuel général. En effet, bien que ce dernier soit défini comme une discipline ayant vocation à synthétiser les règles applicables devant les juridictions civiles, pénales, administratives et constitutionnelles, le champ de la comparaison s’est élargi aux juridictions spécialisées, qu’il s’agisse des juridictions internationales, ordinales, voire des autorités administratives indépendantes. En outre, si la plupart des ouvrages de droit processuel abordent les règles applicables aux procès publics, ils n’insistent pas nécessairement sur leurs spécificités et leur exorbitance. À ce titre, c’est bien l’existence d’un droit processuel général qui pouvait être mise en doute. Il ressort de l’étude que l’existence de principes communs applicables aux juridictions des États libéraux ne saurait être contestée : les juridictions administratives et constitutionnelles, comme leurs homologues judiciaires, connaissent et appliquent les principes du contradictoire, d’impartialité et d’accès au juge. Leur mise en œuvre par les "juridictions publiques" est cependant fonction de considérations organiques et matérielles qui tiennent à la présence de la puissance publique et à la préservation de l’intérêt général, celles-ci faisant obstacle à la constitution d’un corps unifié de règles. En dépit des limites constatées, chacune des contributions apporte une pierre à l’édification d’un authentique droit processuel public et témoigne de la nécessité, pour la doctrine publiciste et privatiste, d’investir ce champ de recherche.