Alexandre Feron est maître de conférences en phénoménologie. Ses recherches portent sur la philosophie française contemporaine, la phénoménologie, le marxisme, ainsi que sur le rapport entre philosophie et sciences humaines. Il s’intéresse en particulier à la manière dont la phénoménologie française s’est élaborée en se confrontant à d’autres courants philosophiques (hégélianisme, marxisme), à d’autres disciplines théoriques (sciences sociales, psychanalyse), ainsi qu’à des pratiques se situant hors du domaine théorique (engagement, militantisme politique).
Après avoir travaillé sur les rapports entre phénoménologie et marxisme dans l’après-guerre en France, il étudie actuellement les liens complexes qui se sont noués tout au long du XXe siècle entre phénoménologie et sciences humaines autour du projet de constituer une anthropologie, c’est-à-dire un savoir à même de comprendre l’être humain dans ses multiples dimensions (biologique, psychologique, politique, sociales, historique, etc.) et de proposer un diagnostic critique et politique de sa situation contemporaine (inégalités, oppressions, aliénations, etc.).
Publications récentes
- DOUET Yohann et FERON Alexandre (dir.), Les Sciences humaines, Lambert-Lucas, 2022
- FERON Alexandre, Le Moment marxiste de la phénoménologie française. Sartre, Merleau-Ponty, Trần Đức Thảo, Springer, 2022
- FERON Alexandre (dir.), L’Inconscient, Lambert-Lucas, 2020
Les recherches de Frédéric Monferrand se situent au croisement de l’histoire de la philosophie sociale et politique et de l’écologie politique. Sur le plan de l’histoire de la philosophie, il a voulu montrer que la réflexion sur les conditions environnementales de la vie collective était beaucoup plus ancienne qu’on ne le pense habituellement. Il en veut pour exemple le jeune Marx, à qui il a consacré sa thèse de doctorat, qui ne conçoit pas la société comme le contraire ou l’au-delà de la nature, mais comme un processus de mise en forme de la nature humaine et autre qu’humaine. Il raisonne ainsi dans le cadre ontologie sociale qu’on peut qualifier de "naturalisme historique" et dont l’intuition centrale est que les sociétés se définissent et se distinguent par la manière dont les êtres humains se rapportent à la nature en eux et hors d’eux, le propre des sociétés capitalistes étant de s’y rapporter sur le mode de l’aliénation.
Il a voulu par la suite mobiliser cette ontologie dans les débats que suscite le diagnostic selon lequel nous vivrions à l’ère du "Capitalocène", c’est-à-dire de la matérialisation des opérations du capital dans la composition des sols, des océans ou du climat. Pour certaines personnes, ce diagnostic signifie que la nature a été si profondément affectée par les activités humaines qu’elle n’existerait plus, voire qu’elle n’aurait jamais existé ailleurs que dans les discours visant à naturaliser la domination. Le réel ne serait plus composé que d’entités hybrides. Pour d’autres, il nous contraint à l’inverse à reconnaître la différence essentielle entre ce que la nature fait d’elle-même et ce que nous lui faisons sous certaines conditions sociohistoriques déterminées. Le réel resterait scindé en une partie naturelle et une partie sociohistorique. Frédéric Monferrand cherche pour sa part à emprunter une voie médiane entre ces deux positions : la nature existe, mais pas comme une transcendance radicale à l’égard de la société, plutôt comme un ensemble d’êtres et de milieux intégrés à nos pratiques économiques et à nos codifications juridiques.
Il y a alors différentes manières d’assumer cette intégration de la nature à une communauté politique élargie : l’une, d’inspiration libérale, consiste à l’inscrire dans les mécanismes de la représentation politique en lui attribuant des droits ou en lui assignant des porte-parole. L’autre, d’inspiration socialiste, rappelle que la conquête de droits ne suffit pas à en garantir le respect et que les procédures formelles de la délibération n’ont jamais empêché la domination réelle des êtres humains et de leurs milieux. Cette seconde perspective, qu’il explore plus volontiers dans son travail, mène à penser que, sans remise en question des rapports de propriété qui autorisent à la fois l’exploitation des corps et la dévastation de la terre, la justice sociale aussi bien qu’environnementale restera un vœu pieux.
Directeur de recherche au CNRS, Gilles Campagnolo travaille sur la "philosophie économique", qui s’étend aux "fondements de l’intervention publique" se traduisant dans des textes juridiques. Cette philosophie économique s’entend comme couvrant l’étude des fondements de la théorie économique, l’étude de la rationalité, la méthodologie, l’épistémologie économique et les questions éthiques :
- la question indépassable, celle de la place des droits et valeurs individuels dans l’analyse – la portée des conclusions des économistes dans le débat public en dépend et cela appelle la question de la justice.
- la question des limites morales des comportements (sur le marché, notamment) de leurs modalités et de leurs fondements, mécanismes qui peuvent conduire à rejeter les marchés dits "répugnants" (comme le "marché des organes"). Cela appelle la question de l’intérêt.
- la question de l’influence des théories sur la réalité qu’elles sont supposées expliquer (leur performativité) conduit à analyser les cas où la théorie économique a influencé l’économie réelle et les cas où elle échoue à le faire (comme dans les crises). Cela appelle la question du croisement de justice et intérêt.
Publications récentes
- CAMPAGNOLO Gilles, BADIEI Sina et GRIVAUX Agnès (dir.), Le positif et le normatif en philosophie économique, Éditions Matériologiques, 2022
- CAMPAGNOLO Gilles, Principes d’économie politique de 1871 de Carl Menger, traduction intégrale, Le Seuil, 2020
- CAMPAGNOLO Gilles, Philosophie économique. Une introduction, Éditions Matériologiques, 2019
Valérie Favre est maîtresse de conférences en études anglophones à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où elle dispense des cours d’anglais orientés philosophie et sciences humaines, et plus particulièrement un cours d’anglais du genre aux étudiants et étudiantes du Master 2 Études sur le genre.
Au croisement des études littéraires et des études sur le genre, ses recherches portent sur la pensée féministe que l’autrice moderniste britannique Virginia Woolf développe dans ses textes de fiction et dans ses essais, ainsi que sur l’héritage littéraire, critique et féministe de Woolf et de son œuvre en Grande-Bretagne, aux États-Unis et en France, de la seconde moitié du XXe siècle à nos jours. Valérie Favre s’intéresse plus spécifiquement à l’influence du féminisme woolfien sur les différentes vagues et les différents courants du féminisme – du mouvement de libération des femmes à #metoo – et sur la réception populaire et critique de son œuvre. Plus largement, ses travaux portent sur les processus de minoration et de légitimation des écrits de femmes et de la critique féministe, sur la place faite aux femmes dans le canon littéraire et dans les représentations culturelles, ainsi que sur l’articulation entre littérature et politique, et entre fiction et théorie.
Publications récentes
- FAVRE Valérie, "A Room of One’s Own’s (Resistance to) Feminist Interpretations and Feminism", Études Britanniques Contemporaines, 58, 2020
- FAVRE Valérie, "The Token Woman of 1922? Virginia Woolf and the Gendered Battles of Anglo-American Modernist Criticism", Études Anglaises, 75.3, 2022
- FAVRE Valérie, Virginia Woolf et ses "petites sœurs" : Relire A Room of One’s Own au prisme de sa postérité littéraire, critique et féministe dans l’espace atlantique anglophone des années soixante à nos jours, thèse de doctorat (dir. Christine Planté et Pascale Tollance), Université de Lyon, 2021