Du point de vue psychologique et socio-économique, comment réintégrer les enfants victimes dans la société ? Comment améliorer leur prise en charge et les accompagner dans les processus de justice ? Faut-il une justice, et quelles formes de justice ? Quels recours ? Quels juges ? Quelles réparations ? De multiples questions se posent encore ici, qui requièrent une équipe très pluridisciplinaire. Sous l’angle des États, on affirme souvent qu’il n’y a pas de paix sans justice. À l’échelle d’un individu ou d’une famille, peut-il y avoir une paix intérieure sans justice ? Les préjudices médicaux, psychologiques, socio-économiques, touchent tant l’enfant que ses parents, ses frères et sœurs, sa famille, son village, sa communauté. La justice pénale ne fait aucune place directe à la réparation pour les victimes, et les maltraite bien souvent. Dès lors, on peut s’interroger sur les moyens d’améliorer la place des enfants dans les procédures judiciaires. Le principe du "one-stop-center" y contribue déjà, qui mène à limiter le nombre de fois où la personne raconte et revit son traumatisme.
Les enfants sont également parfois eux-mêmes auteurs de violences sexuelles, pour des raisons étudiées dans l’axe 1. Or, peu d’études portent sur leur prise en charge dans une procédure judiciaire qui mènerait efficacement à leur réinsertion, hormis pour étudier l’irresponsabilité des enfants-soldats de moins de 15 ans. En face, comment recueillir preuves et témoignages auprès des enfants ? On cherchera à identifier les spécificités de la justice des mineurs et de la justice pour les mineurs dans les conflits armés.
La justice judiciaire n’est pas la seule possibilité de réparation, loin s’en faut. Réparer sans punir, telle est peut-être une solution, qui verrait la responsabilité civile dissociée de la responsabilité pénale, à l’instar des mécanismes de solidarité pour l’indemnisation de victimes d’attentats. La voie des fonds d’indemnisation internationaux semble par exemple s’ouvrir, tel le "fonds mondial pour les survivantes" ou le "fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes".
En outre, la réparation peut prendre de multiples formes, selon la logique de la "justice transitionnelle", telles que celles indiquées à l’Église en France par la Commission Sauvé en octobre 2021 (reconnaissance de la violation grave des droits, mesures de prévention, programmes de sensibilisation, etc.) La rescolarisation est ici un objectif essentiel. Or, si les enfants victimes peuvent en être bénéficiaires, il ne faut pas négliger les graves difficultés rencontrées par les enfants nés du viol, qui, qualifiés d’enfants-serpents, sans statut social ni juridique, sont majoritairement exclus de leur communauté comme de leur propre famille. Au-delà, les enfants peuvent être victimes d’un crime commis contre leurs ascendants, ce qui se traduit par la notion de "préjudice transgénérationnel" que commence à développer la Cour pénale internationale (affaires Katanga et Ntaganda).