La physique aristotélicienne : les animaux, le monde et nous : épisode • 1/4 du podcast Lire Aristote aujourd'hui

Portrait d'Aristote issu du livre de Louis Figuier, "Connais-toi toi-même. Notions de physiologie à l'usage de la jeunesse et des gens du monde" (1883) ©Getty - DEA / BIBLIOTECA AMBROSIANA
Portrait d'Aristote issu du livre de Louis Figuier, "Connais-toi toi-même. Notions de physiologie à l'usage de la jeunesse et des gens du monde" (1883) ©Getty - DEA / BIBLIOTECA AMBROSIANA
Portrait d'Aristote issu du livre de Louis Figuier, "Connais-toi toi-même. Notions de physiologie à l'usage de la jeunesse et des gens du monde" (1883) ©Getty - DEA / BIBLIOTECA AMBROSIANA
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Les écrits d’Aristote sur la nature, et en particulier sur les animaux, incarnent l’originalité de sa conception de la physique : à la fois illustration empirique des principes métaphysiques, et l’une des premières formes abouties des sciences naturelles.

Avec
  • Pierre Pellegrin Philosophe, chercheur au CNRS, spécialiste de l’histoire de la philosophie antique et notamment d’Aristote
  • Pierre-Marie Morel Professeur d'Histoire de la philosophie ancienne à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  • Jean Trinquier Maître de conférences au département des sciences de l’Antiquité de l’Ecole normale supérieure, spécialiste de l’histoire des connaissances zoologiques dans l’Antiquité

Avec philosophie consacre cette série d'émissions au philosophe grec de l'Antiquité : Aristote (384 av. J.-C.-322 av. J.-C.). Dans le premier épisode, Géraldine Muhlmann et ses invités s'interrogent au rapport entre les animaux, le monde et les êtres humains dans la physique aristotélicienne.

Le spectre de la physique

Le philosophe Pierre-Marie Morel rappelle qu'à l'époque d' Aristote, la physique "recouvre un spectre extrêmement large". Comme il le souligne dans un passage du Traité des Météorologiques, cela comprend à la fois "la théorie des éléments fondamentaux, l'astronomie, les principes généraux de l'étude des êtres naturels, l'étude du vivant, des animaux, et même les rapports entre l'âme et le corps". De fait, ce que nous désignons aujourd'hui par zoologie ou biologie est "une partie absolument centrale" de la physique aristotélicienne. L'ouvrage de la Physique apparaît de prime abord abstrait, mais elle est en réalité "directement applicable à la biologie". De la même manière, "la biologie, en particulier l'étude des animaux, n'est intelligible que si l'on comprend les principes généraux de cette physique".

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Les animaux, "vedettes du bestiaire"

Quel était l'état des connaissances physiques au moment de la naissance d' Aristote, en 384 av. J.-C. ? L'historien Jean Trinquier souligne l'existence d'une "approche scientifique". En effet, les présocratiques avaient déjà esquissées des recherches en matière de théorie du vivant. Les recherches médicales de l'époque s'intéressaient également au vivant, en "utilisant les animaux dans toutes sortes d'analogies pour comprendre le fonctionnement du corps humain". En parallèle de ce discours scientifique, la culture grecque est infusée par "d'innombrables discours sur les animaux", permettant d'illustrer les comportements humains. Ils se concentrent cependant sur les "vedettes du bestiaire", les animaux spectaculaires, comme les lions, ces "animaux bons à penser".

Le finalisme aristotélicien

La nature fait-elle toujours bien les choses ? Pour Aristote, les espèces sont organisées en vue d'une fin. Mais, comme le remarque Spinoza dans l'Appendice I de l'Ethique, on a la sensation que le finalisme mène vers un raisonnement circulaire. On trouve toujours une fin, y compris pour justifier ce qui semble ne pas fonctionner. Pour Pierre Pellegrin, il faut nuancer cette critique : "Aristote accepte les imperfections comme telles sans les justifier". Effectivement, "la nature peut se tromper". Le triton, par exemple est "quasiment un monstre". Mais il parvient à survivre, c'est-à-dire à "compenser ses désavantages". De fait, "Aristote ne justifie pas une nature bonne dans tous ses détails". D'où l'intérêt de la zoologie aristotélicienne, qui montre la manière dont "son œuvre fait place à l'imperfection".

Continent sciences
57 min

L'émission est à écouter dans son entièreté en cliquant sur le haut de la page.

Pour en parler

Pierre Pellegrin, philosophe, chercheur au CNRS, spécialiste de l’histoire de la philosophie antique et notamment d’Aristote.

Sur le sujet de l’émission du jour, il a notamment publié :

  • Des animaux dans le monde. Cinq questions sur la biologie d’Aristote, éditions du CNRS éditions, 2022.
  • Aristote, Que sais-je ? / Humensis, 2022.
  • La Classification des animaux chez Aristote. Statut de la biologie et unité de l’aristotélisme , éditions Les Belles Lettres, 1982.
  • On peut également se rapporter à sa traduction du texte d’Aristote intitulé Histoire des animaux , traduction, introduction, notes, bibliographie et index par Pierre Pellegrin, éditions Flammarion, 2017.
  • Ou encore à sa traduction du texte d’Aristote intitulé Les Parties des animaux, traduction et présentation par Pierre Pellegrin, éditions Flammarion, 2011.

Pierre-Marie Morel, professeur des universités en histoire de la philosophie ancienne à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Parmi ses thèmes de recherche, on trouve Aristote et l’aristotélisme, mais aussi la tradition atomiste (Démocrite et les épicuriens), les philosophies de la nature et de l’action et la philosophie de la connaissance.

Sur Aristote, il a notamment publié :

Jean Trinquier, maître de conférences au département des sciences de l’Antiquité de l’Ecole normale supérieure, et spécialiste de l’histoire des connaissances zoologiques dans l’Antiquité.

Il a récemment publié :

Références sonores

  • Lecture par Aïda N'Diaye d'un extrait d'Aristote,  Les Parties des animaux, Livre I, chapitre 1, traduction et présentation par Pierre Pellegrin, éditions Flammarion, 2011
  • Lecture par Aïda N'Diaye d'un extrait d'Aristote, Les Parties des animaux, Livre IV, chapitre 10, traduction et présentation par Pierre Pellegrin, éditions Flammarion, 2011
  • Lecture par Aïda N'Diaye d'un extrait d'Aristote, Les Parties des animaux , Livre III, chapitre 2, traduction et présentation par Pierre Pellegrin, éditions Flammarion, 2011
  • Chanson de Michel Berger, "Vivre", composée et enregistrée en 1980 pour l'album studio Beauséjour

Le Pourquoi du comment : philosophie

Toutes les chroniques de Frédéric Worms sont à écouter ici.

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